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un regard sur le théâtre

21 octobre 2010

Les soliloques de Mariette

Que voilà un beau beau spectacle!

C'est un pari risqué que de faire vivre sur scène les monologues de Mariette, la bonne de "Belle du seigneur",  avec ses ratiocinations sans fins, et sa vue en creux du roman d'amour en train de se créer.
Le pari est totalement réussi. La comédienne, Anne Danais, précise, généreuse, nous fait rentrer de plein pied dans son monde intérieur, puisque, elle le dit elle-même, elle parle pour un public imaginaire. Le public imaginaire, c'est nous. Et que fait-elle? Rien que de très simple. Elle fait l'argenterie, change ses chaussons pour des chaussures de ville, arrange un bouquet de fleur, tout en déroulant ses pensées les plus secrètes.
Et l'on est pris. A chaque instant. Dès l'entrée rapide jusqu'à la fin ou la comédienne revient, très justement, au livre même d'où son histoire est issue, dès l'entrée donc, on est submergé par l'émotion, la tendresse, l'humour, la beauté du quotidien. La mise en scène d'Anne Quesemand rend pleinement justice à l'univers d'Albert Cohen.
Une table, un broc, des couverts suffisent à nous faire pénétrer au coeur de la maison, au coeur de Mariette.
Et elle parle, de l'amour, de la politique, de la famille, de sa soeur malade, de la Suisse, de Paris.... Le flot de mots recouvre et magnifie le flot de la vie. Nous sommes au plus près de la vibration de la vie, au plus près de l'exrème générosité du théâtre.
Un spectacle qui nous renvoie à ce qu'il y a de meilleur dans l'humain.
Et, les une heure trente de la représentation passent comme par magie...

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27 septembre 2010

I Demoni. L'art et la durée

Sortant du long et plutôt beau spectacle de Peter Stein à l'Odéon, I Demoni ("Les Possédés") d'après Dostoievski. Je ne peux m'empêcher de me poser des questions sur la forme choisie.
La durée exceptionnelle du spectacle fait qu'on s'y embarque comme une aventure. 12 heures sur place, dont 8h 30 de théâtre effectif.
La grande force du collectif mené par Stein est la capacité du groupe à raconter la même histoire. Ainsi, le début, le premier chapitre, est tout à fait remarquable. Le récit est fluide, il y a juste des acteurs, un texte fort, des situations, et des tensions continuelles. Les 3 premières heures passent sans qu'on s'en rende compte. Après, les choses se gâtent un peu. C'est que la mise en jeu d'un roman ne se suffit pas pour produire du théâtre. Certes, ce qui se raconte est d'une force rare, cela parle de métaphysique, de politique, d'engagement, de foi, de désir, de révolutions. Mais il manque terriblement un point de vue de metteur en scène. Comme si Peter Stein, en s'effaçant derrière le roman, s'effaçait lui-même de sa position de créateur. Alors on se demande qu'est-ce qui l'a poussé à monter CE roman; qu'est-ce qu'il veu raconter, LUI. Ce manque d'axe, cette neutralité apparente empêche de prendre un plaisir complet au spectacle, malgré des momens de grace absolue, comme le retour du fils prodigue Stavroguine.
La forme d'un théâttre dépouillé à quelques meubles rend parfois l'action statique. Ou plutôt il n'y a pas d'action. On parle pour dire des choses importantes certes, mais qui restent de la parole et non de la tension théâtrale. Cette impression est renforcée par le jeu un peu ampoulé et conventionnel de Ivan Alovisio, qui joue Stavroguine, qui roule des yeux comme un acteur de mélodrame, et qui, commentant ainsi tout son drame intérieur, laisse peu de place au spectateur pour une empathie. Je dirai la même chose de Pia Lanciotti, qui joue Maria, la folle qu'épouse par jeu Stavroguine.
En revanche, on reste pantois devant la qualité de jeu de Maddalena Crippa (Varvara, la maîtresse femme de l'intrigue),  Fausto Russo  Alesi (Kirillov, le suicidaire par idéologie) et surtout Rosario Lisma, qui incarne de manière évidentte et terrienne Chatov, l'homme qui cherche Dieu.
Les défauts du spectacle, sa linéarité, n'empêchent nullement des extraordinaires moments, comme le début de la troisième partie (à mon sens la plus réussie avec le début du spectacle), la fête chez Mme von Lempke, où se déploie un art choral d'une vivacité et d'une rythmique confondantes, ainsi que la suite de cette troisième partie, l'assassinat de Chatov et le suicide de Kirillov. Là se jouent véritablement des violences, des enjeux de théâtre, et la pièce prend son envole pour devenir véritable objet de théâtre. En voyant cela, on ne peut que regretter que, malgré l'enthoutiasme de la troupe, ne se joue pas un théâtre plus risqué et plus politique dans l'ensemble de la représentation.

7 septembre 2010

Le théâtre public


Une réflexion pour ce premier message de blog: le théâtre public n'est pas forcément le théâtre tout-public.
C'est au contraire le lieu où peuvent se créer des spectacles difficiles, où l'on n'attend pas obligatoirement l'adhésion immédiate d'un grand nombre de spectateurs.

Mais, et c'est toute la difficulté de la programmation, ce ne doit pas être un lieu coupé de toute attente, de toute joie surtout...

..A suivre...

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un regard sur le théâtre
  • Un regard, de l'intérieur, par un comédien, metteur en scène, des spectacles vus, de l'air du temps théâtral. Un commentaire libre, hors des modes fabriquées et des critiques institutionnels, mais avec l'exigence littéraire et la pertinence de l'attention,
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