Les soliloques de Mariette
Que voilà un beau beau spectacle!
C'est un pari risqué que de faire vivre sur scène les monologues de Mariette, la bonne de "Belle du seigneur", avec ses ratiocinations sans fins, et sa vue en creux du roman d'amour en train de se créer.
Le pari est totalement réussi. La comédienne, Anne Danais, précise, généreuse, nous fait rentrer de plein pied dans son monde intérieur, puisque, elle le dit elle-même, elle parle pour un public imaginaire. Le public imaginaire, c'est nous. Et que fait-elle? Rien que de très simple. Elle fait l'argenterie, change ses chaussons pour des chaussures de ville, arrange un bouquet de fleur, tout en déroulant ses pensées les plus secrètes.
Et l'on est pris. A chaque instant. Dès l'entrée rapide jusqu'à la fin ou la comédienne revient, très justement, au livre même d'où son histoire est issue, dès l'entrée donc, on est submergé par l'émotion, la tendresse, l'humour, la beauté du quotidien. La mise en scène d'Anne Quesemand rend pleinement justice à l'univers d'Albert Cohen.
Une table, un broc, des couverts suffisent à nous faire pénétrer au coeur de la maison, au coeur de Mariette.
Et elle parle, de l'amour, de la politique, de la famille, de sa soeur malade, de la Suisse, de Paris.... Le flot de mots recouvre et magnifie le flot de la vie. Nous sommes au plus près de la vibration de la vie, au plus près de l'exrème générosité du théâtre.
Un spectacle qui nous renvoie à ce qu'il y a de meilleur dans l'humain.
Et, les une heure trente de la représentation passent comme par magie...